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La stéréotypie

Après avoir détaillé ce qu'étaient l'éthogramme et l'éthologie, dans la famille « mots compliqués » nous allons nous pencher cette fois sur la stéréotypie. Un mot bien tortueux qui s'emploie pour tous les animaux, cependant, puisque le site n'est dédié qu'aux oiseaux, nous ne nous concentrerons que sur ces derniers.

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Les facteurs

La stéréotypie trouve son origine dans plusieurs facteurs : environnementaux, émotionnels et/ou sanitaires.

 

L'émotionnel

Le stress, l'anxiété, la frustration, l'ennuie et l'isolement sont propices à l'apparition de comportements stéréotypés. L'omniprésence non souhaitée de l'humain, la contrainte de contacts physiques non désirés, la séparation sociale brutale (fait de retirer du jour au lendemain un individu de son groupe) et, d'après Latham et Mason, la séparation parentale brutale (fait de séparer un oisillon de ses parents) peuvent faire apparaître la stéréotypie. Plus largement, l'impossibilité d'exprimer son comportement d'oiseau peut pousser une boule de plumes, pour trouver du réconfort, à développer ces troubles.

 

La santé

Naturellement, des parasites ou des maladies peuvent être eux aussi à l'origine de stéréotypie. Un dysfonctionnement cérébral ou du système nerveux peuvent aussi en être la source.

 

L'environnement

Un environnement de vie inadapté peut induire la stéréotypie. Un milieux dénué de stimulation, de nouveauté, sans activité proposée (comme la possibilité de gruger, la recherche alimentaire/le foraging) ou bien ne permettant pas à l'oiseau d'exprimer son comportement naturel (impossibilité de voler suffisamment/voire aucune possibilité, absence de congénère, impossibilité d'expression orale, par exemples) est propice à ce trouble. L'absence d'enrichissement ou leur insuffisance en sont d'autres facteurs. Un habitat sans coin d'isolement (nid ou autre selon les espèces), trop bruyant, avec trop de passage peut y contribuer grandement. Le manque de stimulation sensorielle (par les 5 sens) est, elle aussi, un terrain propice à la stéréotypie. Enfin, une cage inadaptée peut être aussi source de ces comportement inadapté. En 2009 Asher décrit d'ailleurs que les cages plus longues que hautes ou larges occupées par des boules de plumes voient moins de stéréotypie apparaître chez ses occupants.

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Les risques

Si la stéréotypie se ritualise et apporte une apaisement, même provisoire, cela peut devenir une manie et donc un TOC. Il ne faut donc pas prendre cela à la légère car encore une fois, elle traduit un mal-être.

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Photos par Emilie Jaconelli & Molinapsitte

Stéréotypie, de quoi parle-t-on ?

La stéréotypie est le développement de comportements répétitifs anormaux plus ou moins constants. Cela se traduit par un oiseau qui passe toute sa journée ou plusieurs heures à répéter le même mouvement comme par exemple lécher les barreaux de sa cage, secouer la tête de bas en haut, se balancer, etc.

 

Toutefois on distingue ce comportement de l'excitation passagère (un crochu peut fêter votre arrivée à la maison en se balançant par exemple), des rituels, habitudes et routines de nos oiseaux. Cela n'a rien à voir. Il faut également différencier cette attitude des troubles obsessionnels du comportement (les TOCs) et des troubles compulsifs.

 

La stéréotypie est un indicateur de mal être. On la considère comme anormale car ces comportements répétés en boucle ne correspondent pas à ce que l'on pourrait observer dans le milieu naturel de l'oiseau.

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RAPPEL

Enrichissement environnemental : en 2006 Swaisgood et David John Shepherdson le définissent comme étant l'ensemble des actions mise en œuvre afin d’accroître le bien être physique et psychologique des animaux en captivité.

Je vous invite à consulter notre article complet sur le sujet : L'importance de l'enrichissement.

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Traiter la stéréotypie

Avant toute chose, il faut en identifier les facteurs : où, quand et comment. La forme, la durée et le lieu déterminent la motivation. La fréquence, la variabilité et le degré d'expression indiquent quant à eux le stade de développement.

 

Il existe plusieurs moyens de traiter la stéréotypie une fois les réponses à ces questions trouvées :

  • empêcher l'expression du comportement anormal (en enlevant par exemple les accessoires utilisés lors de la manifestation de ces attitudes)

  • en encourageant d'autres comportements par le renforcement positif

  • en ne forçant – sauf si urgence ou besoin médicaux – aucun contact physique

  • en supprimant la cause de la stéréotypie

  • en détournant l'attention sur autre chose lorsque cela se manifestement

  • en offrant de plus grands espaces de vie

  • en ne laissant pas son oiseau sans congénère de son espèce

  • en imitant autant que possible l'environnement naturel de l'oiseau

  • en diversifiant, en enrichissant et en complexifiant le lieu de vie de l'oiseau

  • en ôtant toute source de stress

  • en encourageant l'exploration

  • en introduisant de la nouveauté

  • en créant un ou plusieurs espaces d'isolement au sein même du lieu de vie de l'oiseau

 

Il faut toutefois prendre en compte que certains oiseaux ont peur de la nouveauté, il faut donc aller très doucement avec ces derniers. Vous pouvez par exemple poser devant la cage/volière les futurs jouets/accessoires que vous allez installer de manière visible plusieurs jours avant de les installer.

 

En Joseph Barber et David John Shepherdson ont créé une démarche sous l'acronyme SPIDER pour faire disparaître et prévenir la stéréotypie (texte traduit) :

  • (S) Savoir le but recherché : on identifie les comportements importants pour le bien-être physique et psychologique de l’animal. Cela relève d’observations et d’études de données sur l’espèce en question. Ici, le but est de réduire les stéréotypies, mais cela pourrait être de favoriser l’expression de comportements naturels ou d’accroître les capacités cognitives de l’animal.
     

  • (P) Planifier : on envisage l’impact que l’enrichissement aura sur le bien-être de l’animal, mais aussi son innocuité, son coût, l’espace disponible et la réaction des éventuels visiteurs. Il y a un certain nombre de contraintes à respecter, notamment spatiales, pratiques (utiliser des matériaux faciles à entretenir et nettoyer) et éthiques, tout en respectant le bien-être de l’animal. Cela implique une prise en compte de toutes les personnes qui interviennent auprès de l’animal.
     

  • (I) Imaginer la mise en place de l’enrichissement : quand et où placer l’enrichissement, combien de temps, pour quels animaux sont autant de questions à se poser. Il faut en effet choisir judicieusement le ou les animaux qui bénéficieront de l’enrichissement. On se base souvent sur les animaux qui expriment les stéréotypies les plus flagrantes, alors que ce ne sont pas forcément les cas les plus préoccupants. Il faut essayer de tenir compte le plus objectivement possible du bien-être réel des animaux et observer tous les signes de détresses, c’est-à-dire les stéréotypies mais aussi les autres comportements anormaux, même s’ils sont moins visibles.
     

  • (D) Documenter : il s’agit d’observer si l’animal a utilisé l’enrichissement, de noter la part d’utilisation de l’enrichissement par rapport au reste des activités de la journée,les effets physiologiques et comportementaux que cela a eu sur l’animal. Cela permet aussi d’obtenir des données pour les recherches futures.
     

  • (E) Évaluer : on évalue l’efficacité de l’enrichissement, par rapport au but envisagé au départ.
     

  • (R) Réajuster : on effectue les modifications permettant d’améliorer ou d’atteindre l’efficacité souhaitée. La créativité, une bonne connaissance des espèces et une bonne compréhension du but recherché sont ainsi nécessaires.

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