


LES DANGERS DU LIEGE

un ami qui peut être fatal
Encore une chose qui fait grand débat dans le monde des oiseaux de cage et de volière, le liège. Certains disent qu’il est bon, d’autres qu’il ne l’est pas. Pour certains, ça gonfle au contact de liquide (dont l’estomac de nos oiseaux est plein) pour d’autres pas du tout. Mais qu’en est-il réellement ? J’ai mené ma petite enquête, expérience, recherches et prises de contacts avec des professionnels de la santé animale à l’ appuie afin d’être réellement fixée sur des faits et non des rumeurs.
J’ai commencé par me pencher sur le liège travaillé, à savoir les bouchons de bouteille (neufs pour éviter d’enivrer les oiseaux) que l’on voit très régulièrement utilisés pour nos oiseaux. Commençons par étudier la base, à savoir, comment sont-ils fabriqués. Je conclurai par une étude du liège « mâle » pour poursuivre avec les regards de professionnels de la santé animale, comme dit plus tôt.
Le liège
Une expérience parlante
Le liège des bouchons et des éléments de décoration/accessoires de maison (pour ces derniers on parle en réalité de liège reconstitué, compressé et collé) ont la réputation de gonfler lorsqu’ils sont en contacte de l’eau. J’ai donc procédé à une petite expérience.
Dans un bol d’eau, j’ai plongé plusieurs bouchons. L’un, entier tout neuf et n’ayant jamais servi, l’autre coupé en deux, le troisième abimé sur les extrémités comme rongé et le dernier abimé par un tire-bouchon. Je les ai laissé ainsi jusqu’au lendemain (24h plus tard).
Lorsque je suis retournée voir le lendemain, j’ai pu constater quelques changements. Le premier bouchon, tout neuf, n’a pas bougé. Le second bouchon, coupé en deux, a gonflé aux extrémités gonflées. Le troisième, même résultat, les parties où j’ai simulé le grignotage de nos oiseaux, ont gonflé, mais pas le centre qui elle était indemne. Enfin le dernier, ouvert au centre par un tire-bouchon a subit, à l’endroit de la perforation, le même changement : l’apparition de boursouflures. De plus l’eau du bol a commencé à prendre une couleur entre le marronné et le jaunâtre.
J’ai donc procédé à une autre expérience. J’ai pris un nouveau bouchon que j’ai coupé en tranches plus ou moins épaisse que j’ai plongé 24h dans l’eau. De nouveau, les morceaux abimés ont gonflé et les « tranches » de tête et de pied qui n’ont été coupée que d’un côté on vu uniquement la partie endommagée enfler. Tout comme dans l’expérience précédente, l’eau a commencé à teinter d’une couleur ne mettant pas vraiment en confiance.
Fabrication des bouchons
Le liège produit directement par l’arbre est le « liège mâle », crevassé et de moindre qualité ; il ne sert pas pour la fabrication des bouchons, on doit donc l’enlever, c’est ce que l’on nomme le « démasclage ». Le nouveau liège qui se forme alors est nommé le « liège femelle » ou « de reproduction », est récolté tous les 9 à 15 ans. C’est donc celui-ci qui servira pour nos précieux bouchons de bouteille.
Il est donc récolté sous forme, pour des néophytes tels que moi, de planches d’écorces qui sont alors stockées à l’air libre, au soleil et sous la pluie pendant au minimum 6 mois. Durant cette période dite de repos, le liège atteint sa maturité et se stabilise.
Après cela, les « planches » sont plongées dans de l’eau propre et claire en ébullition pendant une heure minimum. Ceci permet de nettoyer le liège, d’enlever ses impuretés, de l’assouplir et de le faire gonfler. On réalise deux fois cet « ébouillantage ». Puis, les « planches » de liège (femelle donc) sont placées dans une pièce sombre à une température de 30°C et où l’hygrométrie atteindra 100% et cela pendant 1 à 3 jours.
Après ce temps de stabilisation, les planches de liège (nous parlons toujours du liège femelle) sont coupées en bandes d’une largeur quelque peu supérieure à la longueur voulue du bouchon. Elles sont ensuite perforées à l’aide d’une sorte d’emporte-pièce qui réalise un cylindre semblable à nos bouchons. A ce stade, ceux-ci ne sont pas pour autant prêts à être utilisés !
Après cela, les futurs bouchons sont triés, lavés, désinfectés puis séchés et éventuellement colmatés. Le colmatage n’est autre que le remplissage des petits trous et des irrégularités avec un mélange de colle et de poudre de liège. Cela permet d’améliorer l’apparence des bouchons et surtout d’obtenir une meilleure étanchéité du moins tant que le bouchon est intact (ni percé, ni déchiqueté, ni coupé en morceaux) pour ce dernier point. Ensuite, selon le désir du futur acquéreur, les cylindres sont marqués tantôt à l’encre, tantôt par pyrogravure.
Vient ensuite l’étape de satinage. Les cylindres sont recouverts d’un élastomère alimentaire (dans le meilleur des cas), ou bien traités à la paraffine et/ou au silicone ce qui permet de les faire glisser plus facilement dans la bouteille.
Enfin, ils sont placés dans des sacs avec un gaz de conditionnement afin d’éviter un développement bactériologique.
Après avoir découvert tout cela grâce à La-Petite Volière-bois, il m’est difficile de penser que nos chers bouchons en liège sont sans danger pour nos oiseaux. Toutefois, j’ai tout de même voulu pousser plus loin mes investigations. J’ai donc mené une petite expérience.
Notez également que de plus en plus de bouchons sont réalisés à partir d’amalgame de liège, de bribes de liège compressés, ou collées entre elles… Rien de folichon pour nos petits protégés.
Les dangers du quotidien
Dessous de plat, de verre, plaques murales, tableaux d’affichages, petits objets, planques anti-phonique… Autant de choses en liège qui sont bien tentantes à utiliser pour accessoiriser le quotidien de nos boules de plumes, ou tout simplement pour leur fabriquer des jeux. Pourtant, dans les deux tiers des cas, il s’agit soit de liège « femelle » traité, soit de liège « mâle » et « femelle » mélangé (ou « mâle » tout court) recomposé, compressé dont les bribes et la poussière tiennent grâce à des produits que nous n’oserions pas nous-mêmes ingérer, alors pourquoi le proposer à nos oiseaux ?
Mais là encore ce n’est qu’une question de point de vue. Pour ma part, je préfère jouer sur l’abstinence plutôt que de risquer la santé de mes oiseaux. Ce n’est pas parce qu’untel ou tel autre n’a jamais eu d’accident que le danger n’est pas bel et bien présent. Souvenez-vous qu’il fut un temps ou nous ignorions les dangers de l’amiante, du plomb et j’en passe. Nous en mettions partout à l’époque ! Pensez aussi à l’actuel scandale sur le colorant E171 dont certains médias nous tannent depuis quelques temps. Lors de la création de ce dernier, nous le pensions sans danger, aujourd’hui nous avons découvert qu’il n’en était rien et pourtant cela rendait, dès le départ, des gens malades, même s’ils n’étaient qu’une toute petite minorité ignorée.
Trouver un compromis
On trouve dans le commerce des accessoires type perchoirs par exemple en liège, mais est-ce réellement bon ? Après tout, on trouve de tout, certains produits pourtant connus et reconnus comme étant dangereux continuent d’alimenter les rayons des magasins et les sites internet, pourquoi en serait-il autrement pour ça ?
Sous certaines conditions, le liège « mâle », n’a rien de dangereux pour nos oiseaux. S’il ne subit aucun traitement, qu’il n’est pas travaillé, qu’il reste non additionné avec de l’eau et qu’il est bien séché, puisqu’il s’agit, grossièrement, de la première épaisseur d’écorce de l’arbre comme expliqué plus tôt, il n’est pas source de danger. Ses qualités imperméables naturelles en font un matériaux sécuritaire qui peut être grugé sans inquiétude : puisque imperméable, les petits morceaux éventuellement ingérés ne se gonfleront pas dans l’estomac de nos petits protégés. Sans oublier que n’étant pas traité, ce liège (qui ne sert jamais pour les bouchons) n’empoisonne pas nos boules de plumes.
Remerciements
Merci à La-Petite Volière-bois d’avoir soulevé l’intérêt du liège mâle et le problème de la fabrication de ces chers bouchons, du liège femelle, utilisés à tort pour nos oiseaux. Au docteur Brasseur de la Clinique Vétérinaire Brasseur, pour avoir répondu à mes interrogations nombreuses.
La parole aux professionnels
Comme ce sujet étant très litigieux, j’ai tout de même voulu pousser plus en profondeur mes investigations. Après tout, naïvement il est aisé de penser que si c’est vendu comme accessoire pour nos oiseaux, cela ne peut pas être si mauvais. Surtout si des professionnels de l’accessoire aviaire en vendent ! Grossière erreur…
Je suis donc entrée en contact avec plusieurs professionnels de la santé animale et du comportement aviaire afin de recueillir plusieurs sons de cloches !
La Clinique Vétérinaire Brasseur, située en Belgique, a été l’un de ces interlocuteurs. Ils y ont confirmé qu’utiliser des bouchons en liège et autres objets/éléments en liège du quotidien étaient bels et bien dangereux pour nos animaux. Puisque la création de ceux-ci demande l’intervention de produits dangereux cités plus tôt et qu’une fois endommagés ceux-ci gonflent au contacte des liquides. Outre l’obstruction malencontreuses des voix naturelles de l’oiseau, celui-ci risque un empoisonnement mortel; Bien sûr, cela ne se passe pas en un jour, l’empoisonnement est progressif un peu comme nous en sommes victimes lorsque nous vivons dans un endroit rempli d’amiante ou entourés de plomb.
En résumé : tout ce qui est objet en liège du quotidien (bouchons, dessous de plat, ustensile, plaque phonique, etc) est nocif pour nos boules de plumes.
Conclusion
Le liège femelle qui est le seul utilisé pour les bouchons (pour ne citer qu’eux) et le liège recomposé (souvent trouvés dans les dessous de plat par exemple) sont de réelles sources de danger pour nos oiseaux puisque travaillés ET traités. Certes, les incidents sont rares, mais des oiseaux qui se coincent les griffes ou un doigt dans une matière tressée l’est tout autant. Doit-on en ignorer les risques ? Chacun est libre d’agir en son âme et conscience.
Au contraire, le liège femelle lui, qui est utilisé généralement pour les accessoires animalier (rongeurs, oiseaux etc) est totalement sécuritaire. Bien sûr comme pour tout, il faut surveiller ses oiseaux mais cela est valable avec n’importe quel accessoire.
Le débat sur le sujet est donc enfin clos et nous en connaissons désormais vous et moi les tenants et les aboutissants. Mais encore une fois, chacun est libre de faire comme il le souhaite, d’ignorer ou non le danger, mais désormais, nous voilà, moi la première, informés. En cas d’incident, on ne pourra donc prétendre ne pas avoir été avertis 😉
Photos par la Petite Volière-Bois, sources Wikipédia, Papilles & pupilles & la Clinique Vétérinaire Brasseur